
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a appelé les gouvernements de la zone euro à “réduire” la dette publique.
La Banque centrale européenne a donné jeudi un nouveau tournant à sa politique monétaire pour lutter contre une inflation galopante, relevant fortement les taux d’intérêt malgré le risque d’alimenter une récession imminente. Comme attendu, le Conseil des gouverneurs de la BCE, composé de 25 membres, a relevé ses taux directeurs de 0,75 point pour la deuxième fois consécutive après une hausse sans précédent en septembre.
L’institution de Francfort est sous pression pour contenir une inflation record alimentée par la flambée des prix des denrées alimentaires et surtout de l’énergie au lendemain de l’invasion russe de l’Ukraine. L’inflation dans la zone euro a approché les 10 % en septembre, près de cinq fois l’objectif de 2 % de la BCE.
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Comme d’autres banques centrales, la BCE réagit par des mesures visant à freiner la demande en augmentant le prix des prêts aux ménages et aux entreprises. C’est un choix difficile en période de ralentissement économique, mais les gardiens de l’euro estiment qu’il est encore plus dommageable de laisser monter les prix que de durcir les conditions de financement.
Sur le marché obligataire, les taux d’intérêt des gouvernements européens ont fortement baissé dans le sillage de ces annonces. Le taux de la dette allemande à 10 ans est passé de 2,20% à 13h00 (11h00 GMT) à 2,01% à 16h25 (2h25 GMT). Elle retrouve donc un niveau jamais vu depuis début octobre, lorsque les investisseurs se concentraient sur un ralentissement du rythme de hausse des taux des banques centrales. Il en est de même pour le taux 10 ans français, qui est tombé à 2,51%, contre 2,73% au plus haut de la journée de jeudi et autour de 2,9% après avoir passé octobre. Le taux de change italien a même chuté à 4,10 %.
Les avis sont balayés
“Périplela normalisation monétaire n’est pas encore terminée, a prévenu la présidente de la BCE, Christine Lagarde :Nous avons encore un long chemin à parcouriret de nouvelles augmentations auront lieu dans le but de faire baisser les prix. Jusqu’où la BCE veut-elle aller ? Les changements de prix détermineront cela et des décisions seront prises. »réunion après réunion“elle a ajouté.
Les gardiens de l’euro ont également signalé leur détermination, qui ont décidé jeudi de limiter les bénéfices des prêts anti-crise (“TLTRO“) Accordé aux banques ces dernières années. En durcissant les conditions liées à ces prêts, la BCE augmentera la pression sur le coût des prêts. Alors que les gouvernements européens consacrent des milliards d’euros au soutien du pouvoir d’achat et des entreprises, le resserrement monétaire rapide n’est pas toujours bien perçu.
Entré en fonction cette semaine, la nouvelle présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a souligné :risquereprésenté par les hausses de taux d’intérêt, y comprispour les États membres dont la dette publique est élevée“. Le président français Emmanuel Macron a appelé au “non”interrompre la demandearrêter l’inflation.
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Là bas “beaucoup plus haut à l’horizon est la probabilité d’une récessionChristine Lagarde a avoué jeudi. Mais elle a rejeté la critique de la politique monétaire : une hausse des taux est une décision.le moyen le plus approprié de rétablir la stabilité des prix, qui est d’une grande importance (…) pour la prospérité et la reprise économique ““. Elle a également rappelé aux gouvernements de la zone euro leurs responsabilités budgétaires : ils doivent faire tout leur possible »réduire»Ratios d’endettement public élevés.
L’équilibre, la prochaine étape
La BCE a mis fin à plus d’une décennie de taux d’intérêt très bas en juillet pour soutenir les prix. Avec la décision de jeudi, le taux des dépôts bancaires à la BCE, toujours négatif avant l’été et servant de référence dans un contexte de liquidité abondante, est à 1,5%. Les deux autres taux directeurs, celui appliqué aux banques sur les opérations de refinancement de plusieurs semaines et celui dédié au prêt lombard quotidien, sont tombés respectivement à 2% et 2,25%.
La BCE sait que le sujet délicat de la réduction de son bilan est attendu d’elle pour l’aligner sur ses efforts de lutte contre l’inflation. Ce solde s’élève à 8 800 milliards d’euros du fait des programmes d’achats d’actifs pour soutenir l’économie ces dernières années. La BCE réinvestit actuellement la dette à l’échéance, continuant d’aplatir les taux d’intérêt à long terme.
L’arrêt de ces réinvestissements sera le prochain projet de l’institution pour lutter contre l’inflation, a confirmé Christine Lagarde, et des décisions seront prises.en décembreElle a averti. L’EBC devra habilement entreprendre ce traitement minceur car “resserrement quantitatiftrop violent pourrait entraîner une nouvelle pression sur le coût de financement des États.
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