Le pionnier de l’écorecyclage Itancia veut verdir les entreprises avec le reconditionné

Au hasard, jusqu’à la crise des composants, l’activité de « rebillage », consistant à remplacer des composants sur des cartes électroniques, connaît un regain d’intérêt chez les industriels. A tel point que le groupe Itancia, qui a investi il ​​y a dix ans dans cette activité à Grenoble, s’apprête à implanter une antenne similaire à Valanjou, dans le Maine-et-Loire, dans l’un de ses sites de production. Un investissement de 500 000 € pouvant générer jusqu’à 4 à 5 M€ de chiffre d’affaires par an.

« Nous sommes deux ou trois joueurs en France capables de répondre à cette demande. C’est un travail complexe qui nécessite des machines spéciales et coûteuses et un personnel technique spécial, mais le travail devient opportun avec la crise des composants. C’est un créneau, mais c’est dans l’air du temps.”dit Yann Pineau, fondateur du groupe Itancia, qui s’est engagé il y a trente ans dans l’éco-responsabilité.

Neuf, reconditionné et réparé

“Pendant six à sept ans, la RSE a fait partie des stratégies des entreprises, mais nous étions alors de véritables pionniers”se souvient un biologiste de formation, passionné de nature, diplômé en commerce et PDG d’Itancia.

Yanna Pineau ils en sont venus à reconstruire par accident, en démantelant de gros systèmes IBM, Alcatel ou Cisco, qui dans les années 90 avaient besoin que leurs équipements soient pérennes.

Dans la foulée, l’entreprise spécialisée dans les télécommunications se tourne vers la réparation, élargit ses activités en acquérant des intégrateurs sur le marché français et devient distributeur à la demande des constructeurs séduits par ce réseau.

De là est né Itancia, un groupe de 550 personnes, basé sur trois activités : Itancia Again, la refabrication historique pour prolonger la durée de vie des produits et accompagner les entreprises dans la réduction de leur impact environnemental ; Usine Itancia pour réparation; et Itancia Technology, qui distribue des solutions de télécommunications écologiques.

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Un triptyque qui a permis au groupe de trouver un équilibre dans un marché de la rechange très concurrentiel où opèrent Sofigroup, Econocom, AfB France, etc.

« J’ai toujours voulu allier écologie et business. Parce que l’objectif de l’entreprise est avant tout le profit. souligne Yann Pineau, qui a déposé le nom « éco-recyclage » en 1991.

Étendre le modèle à l’international

Aujourd’hui, Itancia est devenu un groupe rentable avec un chiffre d’affaires de 220 M€ en 2022 (160 M€ réalisés par Itancia Technology, 40 M€ par Itancia Again et 20 M€ par Itancia Factory), une progression de 10% à 15% par an et un net résultat opérationnel de 12 millions d’euros.

Devenu leader du marché BtoB en France, l’entreprise a répliqué son modèle en créant six filiales internationales en une dizaine d’années. D’abord en Italie, où elle a développé ses trois activités, elle a implanté il y a deux ans un entrepôt logistique de 4 000 m² à Milan, où elle réalise un chiffre d’affaires de 25 millions. L’Espagne, le Portugal, la Belgique et le Maroc ont brillé au Maghreb avec les deux activités Itancia Again et Factory.

“Notre objectif est de consolider nos marchés en Europe du Sud et en Afrique pour devenir le leader ou le numéro deux dans chacune de nos activités”raconte Yann Pineau, qui, ne trouvant pas d’écho favorable, a préféré fermer ses filiales en Allemagne, aux Etats-Unis, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, et transférer les activités de ces deux dernières à la plateforme. réseaux de producteurs.

A l’heure du marché des smartphones remanufacturés grand public, l’entreprise abandonnera également cette activité jugée peu rentable, comme en témoignent le redressement judiciaire d’Oxygen Phone (ex-Remade), de nombreuses acquisitions d’entreprises spécialisées dans le secteur ou encore le Largo cours de l’action, introduit à 13,35 euros, et aujourd’hui il est tombé à 2,34 euros.

“C’est un marché à très faible marge qui repose à 90% sur les achats à l’étranger, où il n’y a pas de place pour un joueur qui gagne de l’argent”considère Yann Pineau, qui a préféré arrêter et se concentrer sur son cœur de métier.

Itancia renouvelée

Certificat d’économie de carbone

Itancia se concentre à nouveau sur la distribution aux entreprises où la remise à neuf et le recyclage sont devenus “à la mode” et réglementés par la loi.

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Avec l’entrée en vigueur de la loi Agec en mars 2021, les administrations et les grands groupes sont désormais contraints d’inclure 20% de produits remanufacturés dans leurs appels d’offres..

« Il y a une vraie bouffée d’air frais sur les PC, les smartphones, les produits pro, les logiciels, les solutions de cybersécurité… et ce sont généralement des contrats de cinq ans qui se comptent en millions d’euros… C’est une façon pour les entreprises de répondre à leur RSE et limiter leur impact sur les émissions de carbone »désigne le fournisseur de la centrale d’achat UGAP (Union des groupements publics d’achat).

Le groupe angevin certifié Ademe est aujourd’hui l’un des rares à pouvoir délivrer les économies de carbone réalisées lors de l’achat de matériel remanufacturé grâce au taux d’économie de CO2. Certificat de prise en charge, même pour un simple ordinateur.

« Et c’est devenu un vrai argument de vente ! assure le président d’Itancia.

Site e-commerce BtoB cet été

Engagé dans une digitalisation et une automatisation à 100%, le groupe Itancia, qui vient d’investir 4 millions d’euros dans un nouvel ERP, lancera l’été prochain son site e-commerce BtoB.

Cela vous permettra de commander tous les produits neufs et reconditionnés de votre catalogue directement en ligne. Itancia vise un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros d’ici 2025.

« Mais ce dont je suis le plus fier, c’est la façon dont nous le faisons. », souligne le PDG d’Itancia, qui s’est engagé depuis trois décennies dans une politique profonde de développement durable également construite autour de trois piliers environnemental, social et économique.

Certifiée ISO 9001, 14001, 45001, 26000, 50001, Qualiopi pour la qualité des processus de son centre de formation et se référant à la norme ISO 27000 pour son système d’information, l’entreprise calcule son empreinte carbone depuis 2009 pour mesurer ses progrès dans la réduction de ses incidence sur l’environnement.

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Photovoltaïque Itancia

Plus de 11 000 vols aller-retour Paris-New York ont ​​été épargnés

A gamme ISO constante, l’entreprise a réduit sa consommation d’énergie de 69% depuis 2007 en remplaçant l’éclairage par des LED et en changeant le mode de chauffage. Plus de 80% des emballages sont recyclés et 95% sont recyclables.

Prévu pour 2025, le “zéro plastique” dans les emballages devrait encore permettre d’économiser 26 tonnes de CO2.

« Nous allouons en moyenne 1 million d’euros par an à la transition écologique et de 300 000 à 500 000 euros au Fonds de dotation que nous avons créé en 2011 pour soutenir plusieurs projets environnementaux sélectionnés auprès de la LPO »dit-il, relativement épargné du choc de la crise énergétique grâce à des panneaux solaires et deux shaders (4.700 m²) déployés dans le Maine-et-Loire depuis plusieurs années, et une flotte d’une cinquantaine de véhicules électriques pour les concessionnaires.

“Nous sommes sur la deuxième génération de Tesla. Ce sont des investissements lourds qui s’amortissent en huit à dix ans. Passer à l’électricité est plus compliqué pour les commerçants, mais nous essayons de donner l’exemple pour ne pas être un « voleur » de la planète. Et le laisser habitable pour nos enfants”conclut.

En 2021, les solutions de modernisation mises en place par Itancia ont permis d’économiser 11 240 tonnes de CO2, soit 11 240 allers-retours Paris-New York.