

En milieu de journée en décembre 2022 au Salon des grandes écoles, organisé par Monde à Paris on entame par mégarde une conversation sur Parcoursup avec des lycéens et des parents. “Le problème, c’est l’opacité des algorithmes de choix entre les candidats”, – commente Mariam, une lycéenne de 17 ans, en à peine vingt secondes, devant le stand de l’Université de Paris. “Je ne suis pas satisfait de l’algorithme qui décide de l’avenir de ma fille”, – raconte un peu plus loin Laura, la mère d’un élève qui a étudié dans un lycée du sud de la capitale. « Reste à savoir si l’algorithme en tiendra compte… », – se demande Alix, 17 ans aussi, après avoir détaillé ses notes du 1ré.
Ces échanges coïncident avec certains des retours d’expérience qui agrémentent chaque session de la procédure d’accès à l’enseignement supérieur depuis 2018. Bien qu’il n’applique que des règles de priorité choisies par les cours pour départager les candidats, l’algorithme est régulièrement le parfait coupable, même dans les discours politiques. La campagne présidentielle de 2022 a enregistré une forte proportion de déclarations générales de candidats aux convictions différentes sous un tel algorithme et “solutions” un “auto” ce qu’il faudra “effacer”… Malheureusement pour les défenseurs de la plateforme, comme Jérôme Teilard, responsable du projet « Parcoursup » au ministère de l’Enseignement supérieur, qui a répété il y a quelques semaines dans la presse que non, “Ce n’est pas un algorithme qui examine les candidatures. Ce sont les professeurs des cours auxquels vous postulez.
Hormis les conversations et débats sur Parcoursup, plus nombreux ces jours-ci, où la phase de saisie des souhaits sur la plateforme s’ouvre le 18 janvier, “Un abus de langage courant fait que l’algorithme d’appariement, qui permet de faire correspondre les souhaits des candidats avec les notes portées sur les formations, est désigné par le même terme, d’une part, et d’autre part, les critères utilisés classer ces formations”, analyse Julien Grenet, chercheur en économie au CNRS et à l’Ecole d’économie de Paris.
Or, si l’algorithme centralisé est désormais bien connu, le ministère a travaillé en toute transparence à son développement, les fameux « algorithmes locaux », qui ne sont pas en fait “uniquement des formules Excel en gras qui permettent de calculer les moyennes pondérées des candidats en fonction de leurs dossiers”, rester “très opaque”. Et ce malgré le fait que Parcoursup a été créé sur les cendres d’APB et de son algorithme, déjà qualifié de trop flou et de “déshumanisé”. Le manque de transparence de la « nouvelle » plateforme a été relevé dans plusieurs rapports ces dernières années, de la Chambre des comptes à l’Inspection générale de l’Éducation nationale, en passant par la commission d’éthique et des sciences Parcoursup et Défenseur des droits.
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